Pourtant l’aide est appréhendée comme « allant de soi » par la grande majorité des proches aidants. 9 aidants sur 10 estiment tout à fait normal d’aider leur conjoint ou parent, 8 sur 10 que c’est même leur devoir !
Dans le cas de fratrie, la personne désignée à cette fonction, de façon plus ou moins implicite par les autres membres de la famille, n’y est généralement pas bien préparée. Les choses s’imposent d’elles-mêmes dans le cas d’enfant unique ou de personnes isolées sans aucun proche. L’aide est souvent expliquée par un juste retour des choses. C’est une logique très fréquente chez les conjoints que l’on retrouve aussi chez plusieurs enfants.
Ainsi on comprend qu’être aidant est plus souvent associé à un dévouement qu’à de la générosité, voire même à une forme d’obligation. Les hommes aidants ressentiraient moins la « pression à aider », et notamment à aider seuls, que les femmes. À l’opposé, les femmes ne se sentiraient pas libres de ne pas aider ; l’obligation morale serait plus impérative.
L’enfant, lui, semble parfois tout faire pour maintenir la relation fusionnelle d’aide. Plusieurs filles aidantes témoignent en ce sens en évoquant le fait qu’elles n’aient pas le choix mais en refusant parfois aussi le soutien des proches, l’aide étant vécue comme le dernier épisode de la relation parent-enfant, celui qu’on ne peut pas rater. C’est parfois le moyen de réparer une relation compliquée. Notons toutefois que lorsqu’une fille n’endosse pas le rôle d’aidant, elle a tendance à se le reprocher. Accompagner un proche nécessite la réalisation de tâches manuelles, l’articulation de divers intervenants, la programmation de diverses sollicitations et la réponse à des situations de crise voire d’urgence.
Outre la souplesse de son agenda, l’aidant doit avoir la capacité de supporter la charge mentale associée et de supporter la charge de l’organisation qui peut très vite être déstabilisée par le moindre grain de sable. Souvent la proximité géographique détermine la position de l’aidant qui peut intervenir rapidement. Cela rend la situation compliquée en cas d’éloignement géographique mais peut également jouer le rôle d’une protection vis-à-vis des sollicitations.
Chaque histoire de famille est différente, devenir aidant est tellement consommateur de temps et d’énergie que c’est un choix que certains ne font pas, cela ne va pas de soi !